Prise en charge de la douleur pendant le travail et l’accouchement en France

Sage-femme à la maternité de l’hôpital Trousseau, à Paris, Laure Kpea a reçu une Bourse de Recherche de 5 000 euros pour la recherche effectuée dans le cadre du Master 2 d’épidémiologie à l’université Paris VI, réalisée sous la direction de Béatrice Blondel, directrice de recherche à l’unité de recherche Inserm 953 (maternité de Port-Royal).

Laure Kpea poursuivait un triple objectif : décrire les différentes méthodes utilisées pour prendre en charge la douleur au cours du travail et de l’accouchement en France ; comparer les caractéristiques sociodémographiques et médicales des parturientes en fonction de leur désir initial puis, les comparer selon la réalité de la méthode utilisée ; étudier les écarts entre les méthodes souhaitées par les femmes avant le début du travail et les méthodes réellement utilisées et rechercher les facteurs associés à ces écarts.

Le recours à l’analgésie péridurale est devenu le modèle de référence en France, avec un taux de 77,8% en 2010, parmi les plus élevés au monde. Mais le souhait d’accoucher de manière naturelle représente un souhait de plus en plus souvent exprimé par les couples. Plusieurs méthodes non médicamenteuses ont fait la preuve de leur efficacité : acupuncture, relaxation, immersion aquatique. Mais on ignore quelle proportion de femmes souhaitent et ont accès à ces méthodes durant l’accouchement, et si ces femmes ont un profil médical ou sociodémographique différent de celles ayant bénéficié de la méthode de référence. On n’a encore jamais mesuré non plus l’écart entre la méthode souhaitée et celle suivie. Toutefois, note Laure Kpea, "des résultats préliminaires indiquent un décalage entre les attentes et la réalité ; par exemple 20 % des femmes ne souhaitaient rien mais, parmi elles, près de la moitié ont eu une péridurale."  Il s’agissait enfin de comprendre les raisons d’un tel décalage. Etaient-elles d’ordre médical ou liées à l’organisation du service, au statut ou à la taille de la maternité, ou encore aux caractéristiques personnelles des femmes ?

Telles étaient les questions auxquelles Laure KPEA entendait répondre grâce à l’analyse des données de l’Enquête périnatale de 2010, fondées sur un échantillon de 14 694 femmes représentatif de l’ensemble des naissances en France.

Entretien avec Laure KPEA

Diplômée sage-femme en 2009, j’exerce comme sage-femme à la maternité de l’hôpital Trousseau, à Paris. Parallèlement, j’effectue un Master 2 d’épidémiologie à l’université Paris VI.
 

La péridurale : une technique dominante

Notre pays est un de ceux où l’analgésie péridurale est la plus élevée au monde, avec un taux de 77,8 % en 2010. Or de plus en plus de couples expriment le souhait d’accoucher de manière naturelle. Plusieurs méthodes non médicamenteuses ont d’ailleurs fait la preuve de leur efficacité : acupuncture, relaxation, immersion aquatique. Mais on ignore si les femmes qui en ont bénéficié – et dans quelles proportions – présentent un profil médical ou sociodémographique différent de celles ayant bénéficié de la méthode de référence.L’aspect technique de la péridurale est en effet le seul à avoir été étudié en détail. On ignore également quel est l’écart entre le souhait d’origine et la méthode analgésique employée : l’état de l’offre et la demande, en quelque sorte. On sait simplement que cet écart est significatif. Enfin, on ignore les motifs d’un tel décalage. Sont-ils d’ordre médical ou liés à l’organisation du service, au statut ou à la taille de la maternité, aux caractéristiques personnelles des femmes ?
 

L’accompagnement de la naissance

Pour répondre à ces questions, je m’appuierai sur l’analyse des données de l’Enquête périnatale de 2010, et plus précisément un échantillon de 14 694 femmes représentatif de l’ensemble des naissances en France. In fine, mon objectif est de continuer à accompagner les femmes et à répondre à leurs attentes, en évitant une médicalisation à outrance de cet acte physiologique qu’est l’accouchement. Et notamment, de comprendre quel rôle joue le contexte actuel de fermeture des petites maternités de proximité, au profit des grosses structures,dans le déroulement des naissances en France.