Rattachée au laboratoire de psychologie des universités lorraines, Hélène Deforge, psychologue au service de néonatologie de la maternité régionale de Nancy, participait en 2008 au suivi des anciens grands prématurés.
Dans les années 2000, plus de 50 000 enfants naissaient prématurément en France, soit 7,2 % des naissances. Or, expliquait Hélène Deforge, "la prématurité peut être à l’origine de déficits légers, cognitifs ou comportementaux, qui affectent le langage, les domaines visuo-spatial et visuo-moteur, l’attention et les apprentissages". "Certaines de ces difficultés sont actuellement interprétées en termes de déficit de l’inhibition", précisait-elle : "L’inhibition peut être définie comme un ensemble de processus attentionnels chargés de rejeter ou de maintenir hors de la mémoire de travail les informations non pertinentes pour l’activité en cours". Un déficit inhibiteur peut se manifester, par exemple, par des comportements "impulsifs" ou une difficulté à se concentrer.
La recherche post-doctorale d’Hélène Deforge a permis de mieux comprendre ce mécanisme, afin d’améliorer le soutien psycho-éducatif et pédagogique aux enfants concernés : prises en charge en orthophonie ou en psychomotricité, entraînement des facultés d'attention…
Entretien avec Hélène DEFORGE
Rattachée au laboratoire de Psychologie des universités lorraines, je suis psychologue au service de néonatologie de la maternité régionale de Nancy. Dans ce cadre, je suis des enfants considérés comme à risque de troubles du développement, pour la plupart anciens grands prématurés. Ce suivi vise à détecter le plus précocement possible d'éventuelles difficultés d'ordre cognitif et comportemental afin de permettre la mise en place de mesures adaptées, notamment grâce à un soutien psycho-éducatif ou pédagogique.
Troubles cognitifs chez des enfants prématurés
Dans le cadre de ma recherche postdoctorale, j’ai étudié le rôle des fonctions exécutives (en l’occurrence de dysfonctionnement à ce niveau) dans les troubles cognitifs et comportementaux relevés chez certains enfants nés prématurément. Elle a notamment donné lieu à la publication d’un chapitre relatif à cette problématique dans l’ouvrage Le développement de l’enfant né prématuré (coordonnée par Daniel Mellier) aux éditions Solal.
Prise en charge globale du risque en néonatalogie
La bourse obtenue grâce à la Fondation Mustela m’a permis de continuer à me former dans le domaine de la neuropsychologie, des troubles des apprentissages que présentent certains enfants considérés comme « vulnérables » du fait de conditions particulières de début de vie. Les travaux de recherche se poursuivent, actuellement dans le cadre d’un projet transdisciplinaire relatif à « la prise en charge globale du risque en néonatalogie » (NEORIS). Un dispositif a également été développé au sein de la maternité régionale visant la remédiation des troubles de l’attention, qui me paraît essentielle.