Du fœtus à l’enfant dans le monde grec archaïque et classique : pratiques rituelles et gestes funéraires

Doctorante en Histoire, Céline DUBOIS a reçu en 2011 une Bourse de Recherche de 12 000 euros pour sa thèse sous la direction conjointe du Pr. Véronique DASEN de l’université de Fribourg (Suisse) et d’Antoine HERMARY de l’université Aix-Marseille I (Bouches-du-Rhône), intitulée "Du foetus à l’enfant dans le monde grec archaïque et classique : pratiques rituelles et gestes funéraires".

"L’histoire de la maternité et de la petite enfance dans la Grèce antique s’est longtemps limitée à son volet obstétrical en raison de l’abondance des écrits médicaux", expliquait-elle. Or les pratiques religieuses et rituelles liées à la naissance (à une époque où la mortalité infantile est très élevée), les pratiques prophylactiques, les rites entourant le tout-petit, apparaissent dans la littérature, les peintures sur vase et les stèles funéraires. Dans le cadre de sa thèse, Céline DUBOIS a donc croisé des sources épigraphiques, iconographiques et archéologiques, une démarche alors ambitieuse et innovante !

L’objectif de l'historienne et enseignante d’histoire et de géographie dans le secondaire, était de montrer que la naissance dans l’Antiquité grecque constitue un passage au sens anthropologique du terme : pour l’enfant qui de foetus devient individu, pour la parturiente qui de femme devient mère, pour l’homme qui devient père mais également pour le groupe (oikos et cité), qui intègre un nouveau membre. Cette thèse a ainsi apporté un éclairage nouveau et original sur les évolutions contemporaines de la famille.

Entretien avec Céline DUBOIS

C’est dans le cadre de ma formation de Master que j’ai commencé à m’intéresser aux pratiques rituelles entourant la maternité et la petite enfance dans le monde grec antique. Devenue enseignante d’histoire-géographie en 2007 et chargée de cours à l’université de Nice (2010-2011), j’ai choisi d’entamer un travail de doctorat sur ces thématiques, en prêtant une plus grande attention aux enjeux sociaux et anthropologiques qu’elles me permettaient d’aborder.
 

La naissance et la petite enfance, des moments à redéfinir ?

Face aux lacunes des textes, la petite enfance n’a jamais été prise comme un sujet d’étude à part entière. C’est pourquoi je souhaite montrer combien la naissance, et plus globalement la maternité, sont des moments à l’importance particulière, ce que démontre toute une série de rituels et de processus d’intégration qui visent à donner aux bébés une identité précise au sein des différents cercles qui composent la société grecque (famille restreinte, élargie, cité).
 

Des sources épigraphiques, iconographiques et archéologiques

Pour mener à bien ce travail, une confrontation de l’ensemble des sources est indispensable : les textes d’auteurs anciens, les inscriptions qui témoignent souvent de liens affectifs forts, l’iconographie et surtout l’archéologie funéraire. Ce dernier point est essentiel dans mes recherches car il constitue le témoignage le plus direct de la place de l’enfant au sein des différentes communautés.
 
Cette thèse ambitionne donc d’enrichir, par une meilleure évaluation de la petite enfance, la connaissance des sociétés anciennes, et d’apporter un éclairage nouveau et original sur les évolutions contemporaines de la famille. Par la suite, je souhaite poursuivre mes recherches autour des thèmes de l’enfance mais aussi du genre dans le monde grec antique.