En 2013, le lauréat est Hugues Patural, pédiatre réanimateur néonatologue au CHU de Saint-Etienne (Loire) et coordonnateur pédiatrique du réseau de santé en périnatalité Elena et du réseau de suivi des enfants vulnérables Seve. Son équipe comprend également la sage-femme coordinatrice du réseau Elena et un second pédiatre réanimateur néonatologue.
Leur projet a consisté à réaliser et diffuser un film de sensibilisation et de prévention de la mort inattendue du nourrisson (ce n’est qu’après autopsie qu’une "mort inattendue" est déclarée "mort subite du nourrisson"). Les professionnels de terrain ont constaté en effet une prévalence croissante des morts "inattendues", après une réduction de 75 % des décès entre 1992 et 2002. De fait, il n’y a pas eu de campagne nationale en faveur d’un meilleur couchage des enfants – un facteur-clé dans la survenue des morts subites – depuis 2001. Si bien qu’en Europe, la France faisait partie des pays à fort taux de décès : quelque 500 morts inattendues et 250 morts subites du nourrisson chaque année.
Parallèlement, les professionnels ont observé une hausse des "conduites à risque" : co-sleeping, enfants couchés avec les colliers ambre à la mode alors, nombreux doudous dans les lits, portage en écharpe sans assurance permanente que le nez du bébé reste dégagé…Ils ont également constaté la déqualification professionnelle des modes de garde et la réduction des durées de formation, avec des conséquences regrettables sur les pratiques de puériculture.
Une réduction de 100 à 150 décès par an constitue, selon le Dr Patural et ses collègues, un objectif tout à fait réaliste. Or les conseils sont simples et peu coûteux pour les familles : il suffit que les parents soient sensibilisés et bien informés. Réalisé sous la supervision scientifique de l’équipe porteuse du projet, un film de sensibilisation d’une durée inférieure à une minute, davantage visuel que parlé (pour éviter tout obstacle linguistique), a constitué un outil idéal à cet effet. Il a été régulièrement diffusé dans les lieux d’accueil du public des partenaires du réseau Elena : ateliers maternité organisés par la CAF et la CPAM, PMI, maternités de la Loire et de l’Ardèche, associations de parents, médecins généralistes, pédiatres libéraux, sages-femmes…Il a aussi été diffusé aux professionnels et futurs professionnels de la petite enfance. Enfin, ce film a été repris dans les autres réseaux de périnatalité de Rhône-Alpes et même au niveau national.
Entretien avec Hugues PATURAL
Pédiatre, je suis praticien hospitalier et professeur des universités depuis septembre 2011. Je dirige actuellement le service de réanimation pédiatrique du CHU de Saint-Etienne où je travaille depuis 1998. Président de la fédération Rhône-Alpes de néonatologie, je suis aussi membre des sociétés françaises de pédiatrie et de néonatologie.
Recherche : le goût pour la neurologie
Dans le cadre du suivi de plusieurs cohortes régionales et d’études multicentriques, je consacre une partie de mon activité de recherche à l’étude de l’impact du tabagisme maternel sur la maturation neurologique du nouveau-né ; l’évaluation précoce des capacités motrices du bébé ou encore l’évaluation du système nerveux autonome chez le jeune adulte traité dans l’enfance par chimiothérapie ou radiothérapie.
Habilité à diriger des recherches depuis 2010 à l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne, je suis des étudiants en master recherche, en thèse de science et en doctorat de médecine.
Prévenir la mort inattendue du nourrisson
La compréhension des causes de la mort inattendue du nourrisson (MIN) occupe également une bonne part de mes travaux actuels de recherche. J’ai d’ailleurs participé activement à l’organisation de congrès régionaux et, en 2013, du congrès national des centres de référence sur la MIN. En outre, je donne des consultations spécialisées hebdomadaires dans le cadre du centre de référence de la mort subite.
Ayant constaté, avec les autres professionnels du réseau Elena, une prévalence croissante des morts subites du nourrisson, j’espère contribuer à la réduire grâce au film de sensibilisation qui doit être diffusé dès 2014. À l’échelle nationale, on doit pouvoir réduire ces décès de 100 à 150 par an (sur 250 morts subites du nourrisson enregistrées chaque année en France). Ce, grâce à des conseils simples et peu coûteux pour les familles, destinés à éviter les « conduites à risque » : co-sleeping, enfants couchés avec les colliers ambre à la mode actuellement, nombreux doudous dans les lits, portage en écharpe sans assurance permanente que le nez du bébé reste dégagé…