En 2014, le lauréat du Prix de Pédiatrie Sociale était Jean-Luc Di Stefano, pédopsychiatre au Centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) polyvalent des Bouches-du-Rhône, accompagné de Sara Greaves, enseignante-chercheure au Lerma (Laboratoire d’études et de recherche sur le monde anglophone) à l’Université Aix-Marseille, pour leur projet d'atelier plurilingue au CAMSP. Le comité de pilotage du projet lauréat a inclus également le Pr Chabrol, chef de service de neuro-pédiatrie du Centre hospitalier de la Timone, le Pr Monique De Mattia-Viviès, professeur de linguistique anglaise, et des membres du séminaire "Handicap et symptôme".
"Nous avons remarqué que ces familles étaient souvent embarrassées pour s’exprimer en français devant leurs enfants, les mots leur venant à l’esprit étant issus du vocabulaire d’une autre langue", explique Jean-Luc Di Stefano. "Même si certaines parlent parfaitement le français, il nous a paru intéressant de leur proposer un exercice où la spontanéité de leur expression pouvait refléter leurs origines et de leur histoire". Et par là-même, un exercice grâce auquel révéler les tensions exacerbées par le plurilinguisme. De toutes origines sociales et linguistiques, les familles concernées ont consulté au CAMSP pour des motifs variés. Le suivi de l’atelier s'est effectué en interne, au CAMSP, par les soignants et à l’extérieur, par le Lerma (Laboratoire d’études et de recherche sur le monde anglophone), à l’UFR ALLSH (Arts, Lettres, Langues et Sciences Humaines) de l’université Aix-Marseille.
Concrètement, un atelier mensuel a réuni six à dix parents pour une durée de deux à trois heures. Au programme : lecture, rédaction de textes selon des contraintes littéraires précises, imagination de personnages, discussions etc. L’atelier a été animé par le pédopsychiatre et un soignant du CAMSP, ainsi qu’un enseignant-chercheur spécialisé dans les ateliers d’écriture plurilingue. Parallèlement, des initiations et des formations à cette démarche ont été proposées aux équipes soignantes et aux psychologues des CAMSP de la région.
Entretien avec Jean-Luc DI STEFANO
Prix de Pédiatrie Sociale 2014 pour le projet de création d’un atelier plurilingue au CAMSP
Symbolisation et expression émotionnelle
Pourquoi un atelier de lecture et d’écriture plurilingue ? Les quelque 200 enfants reçus au CAMSP sont de toutes origines sociales et géographiques et consultent pour des motifs variés : maladies neurologiques ou psychiatriques, ou encore déficits mentaux. Or nous avons remarqué que souvent, leurs parents sont embarrassés pour s’exprimer en français devant eux, car les mots qui leur viennent à l’esprit sont issus du vocabulaire d’une autre langue. Il nous a paru intéressant de leur proposer un exercice où la spontanéité de leur expression peut refléter leurs origines et leur histoire. L’objectif est donc de faciliter une forme de symbolisation et d’expression des émotions, et aussi de réinvestissement de l’écrit.
Un partenariat CAMSP/faculté
Concrètement, un atelier mensuel réunira six à dix parents pour une durée de deux à trois heures. Au programme : lecture, rédaction de textes selon des contraintes littéraires précises, imagination de personnages, discussions etc. L’atelier sera animé par les deux auteurs de ce travail : le Dr Di Stefano et Sara Greaves, enseignante-chercheure spécialisée dans les ateliers d’écriture plurilingue venue du Lerma (Laboratoire d’études et de recherche sur le monde anglophone) de l’Université Aix-Marseille. Si les participants le souhaitent, un livre collectif multilingue sera rédigé et mis en libre accès dans la salle d’attente du CAMSP. Enfin, des initiations et des formations à cette démarche seront proposées aux équipes soignantes et aux psychologues des CAMSP de la région.