Le Prix de Pédiatrie Sociale 2015 a récompensé le projet présenté par le Dr Valentina Dell’Orto, médecin à la maternité de l’hôpital Antoine-Béclère (Hauts-de-Seine), intitulé : "Prévention des troubles de l’oralité alimentaire chez le nouveau-né prématuré dans un service de réanimation néonatale".
Chez les enfants prématurés, les troubles de l’alimentation, fréquents, peuvent persister plusieurs années. Accélérer, dès l’hospitalisation, la transition de l’alimentation passive à l’alimentation active permettrait donc non seulement de réduire la durée de l’hospitalisation et de médicalisation de l’enfant, mais aussi de prévenir, à plus long terme, les difficultés d’alimentation.
Pour ce faire, de nouvelles mesures préventives ont été mises en œuvre par l’infirmière, mais aussi par la mère, afin de "lui permettre d’être l’initiatrice de la première sollicitation orale de son bébé", expliquait le Dr Dell’Orto. Le contexte hospitalier, en effet, nuit souvent à l’établissement des interactions mère-enfant. Cela a aussi joué un rôle préventif lors du retour à domicile : "Confiants dans leurs capacités parentales à reconnaître les signes de bien-être et d’inconfort de leur bébé, les parents seront plus à même de faire face aux éventuelles difficultés alimentaires à venir".
Les mesures que l’équipe du Dr Dell’Orto ont éprouvé ainsi, dans le cadre de ce projet, ont été les suivantes :
- tirage précoce du colostrum ou du lait au chevet du bébé ;
- contact précoce peau à peau, dès le premier jour si possible ;
- sollicitations orales précoces par le doigt de la mère ou une compresse imbibée de lait par l’infirmière ;
- proposition d’odeurs alimentaires propices au déclenchement de mouvements de bouche et de réflexes de succion ;
- initiation aux pratiques de portage en écharpe au sein du service pour des bébés proches du terme et nécessitant un besoin de contenance rapproché.
Concrètement, la mise en œuvre de ce projet a impliqué la formation de l’ensemble du personnel soignant (puéricultrices, infirmières, auxiliaires de puériculture) au 1er janvier 2016. À cette date ont donc pu être mises en œuvre de manière routinière les nouvelles pratiques préventives. Leur efficacité a été évaluée grâce à l’observation du comportement sensori-moteur du bébé et à la durée d’hospitalisation.
À terme, cette méthode de prévention a été proposée à tous les parents et aux bébés prématurés, soit environ 550 enfants par an.
Entretien avec Valentina DELL'ORTO
Assistant spécialiste hospitalier à l’hôpital A. Béclère depuis le 1er janvier 2014, j’ai auparavant travaillé dans plusieurs hôpitaux en Suisse, notamment comme cheffe de clinique à Lugano, au sein du service de pédiatrie, puis à Genève, dans le service de réanimation néonatale et néonatologie. Intitulé "Prévention des troubles de l’oralité alimentaire dans un service de réanimation néonatale", le projet de pédiatrie sociale que je coordonne vise à améliorer les soins du développement de l’oralité et à accélérer la transition de l’alimentation passive à l’alimentation active de l’enfant prématuré. Notre objectif est de réduire la durée de l’hospitalisation et de médicalisation de l’enfant, mais aussi de prévenir, à plus long terme, les difficultés d’alimentation parfois persistantes jusqu’à l’âge scolaire.
Des mesures favorables au rôle de la mère
De nouvelles mesures préventives seront ainsi mises en œuvre dans le service de réanimation néonatale et maternité de l’hôpital A. Béclère, par le personnel soignant et les parents – afin de les impliquer dans les soins de sollicitation orale de leur bébé. Le contexte hospitalier, en effet, nuit souvent à l’établissement des interactions parents-enfant.
Les mesures préventives envisagées sont les suivantes :
- Tirage précoce du colostrum ou du lait au chevet du bébé ;
- Contact précoce peau à peau, dès le premier jour si possible ;
- Sollicitations orales précoces par les parents et l’infirmier ;
- Proposition d’odeurs alimentaires propices au déclenchement de mouvements de bouche et de réflexes de succion ;
- Initiation aux pratiques de portage en écharpe au sein du service pour des bébés proches du terme et nécessitant un besoin de contenance rapproché.
Notre objectif est de former l’ensemble du personnel soignant du service (puéricultrices, infirmières, auxiliaires de puériculture) d’ici le 1er juillet 2016. À terme, cette méthode de prévention sera proposée à tous les parents et aux bébés prématurés, soit environ 550 enfants par an.